
La médaille d’or 2014 du CNRS est décernée à l’informaticien Gérard Berry
Gérard Berry – La médaille d’or du CNRS, la plus prestigieuse récompense scientifique française, distingue cette année l’informaticien Gérard Berry, titulaire depuis 2012 de la première chaire dans le domaine informatique au Collège de France. Du traitement formel des langages de programmation à la conception de circuits intégrés assistée par ordinateur en passant par la programmation parallèle et temps réel, les travaux de Gérard Berry ont permis de grandes avancées en informatique et trouvent de multiples applications dans notre quotidien.
Né le 25 décembre 1948, ancien élève de l’École polytechnique et ingénieur général du Corps des mines, Gérard Berry a été chercheur à l’École des mines de Paris et chez Inria de 1970 à 2000. Directeur scientifique de la société Esterel Technologies de 2001 à 2009, il reprend ensuite son poste de directeur de recherche Inria de 2009 à 2012. Il occupe depuis 2012 la première chaire du domaine informatique créée par le Collège de France “Algorithmes, machines et langages”, après y avoir été titulaire de deux chaires annuelles en 2007-2008 (“Pourquoi et comment le monde devient numérique”) et 2009-2010 (“Penser, modéliser et maîtriser le calcul informatique”).
Gérard Berry est l’un des pionniers de l’informatique
À partir de 1980, son principal axe de recherche, mené en collaboration avec des équipes d’Inria, du CNRS et de l’École des mines, est le développement d’un langage, Esterel, qui permet d’exprimer la synchronisation temporelle de tâches et de prouver leur bon déroulement. Cette programmation synchrone a pour objectif de permettre le développement de programmes dont le temps de réponse est garanti, dont le comportement est déterminé, et le besoin en ressources borné. Ce type de programmes “synchrones” est en constante interaction avec l’environnement, contrairement aux programmes séquentiels plus classiques, et est particulièrement utilisé pour les systèmes embarqués. Les différentes versions du langage Esterel ont ainsi pu être appliquées dans l’industrie, par exemple chez Dassault Aviation, Bertin, ILOG, ST Microelectronics et Texas Instruments.
Ses travaux les plus récents se concentrent sur la programmation diffuse, c’est-à-dire la programmation des objets connectés : ordinateurs, téléphones, télévisions, appareils électroménagers… L’utilisation de ce réseau d’objets met en jeu de nombreux comportements complexes : le grand nombre d’entités en interaction empêche de prévoir tous les comportements potentiels de ces objets, en particulier du fait des comportements concurrents entre les instructions exécutées simultanément par les différents objets. Gérard Berry développe actuellement un nouveau langage de programmation, HipHop. Son objectif est d’orchestrer ces comportements en se basant sur la coopération entre des modèles de programmation séquentiels, qui permettent de traiter les données une par une, et des modèles de programmation parallèles qui reflètent l’exécution simultanée d’opérations par des objets différents, ainsi que les communications entre ces objets.
La diffusion de la culture scientifique a toujours été un élément important dans la démarche de Gérard Berry. Les exemples les plus marquants viennent sans doute de ses choix de leçons inaugurales au Collège de France. Pour sa première intervention en 2008, son cours général sur les sciences informatiques, “Pourquoi et comment le monde devient numérique”, analysait pourquoi la numérisation et l’expansion incroyable des ordinateurs ont changé le monde.
Pour les nombreuses applications de ses travaux dans l’industrie, Gérard Berry a reçu le Prix Monpetit de l’Académie des sciences (1990), le Prix Science et défense (1999) et le Grand prix de la Fondation EADS pour les applications de la science à l’industrie (2005). Il est également médaille de bronze du CNRS (1979), Chevalier de l’Ordre des palmes académiques (1994), Chevalier de l’Ordre du mérite (2008) et Chevalier de la Légion d’honneur (2012). Il est membre de l’Academia Europaea (depuis 1993), de l’Académie des sciences (depuis 2002) et de l’Académie des technologies (depuis 2005).
La médaille d’or du CNRS est la plus haute distinction scientifique française. Elle distingue chaque année, depuis sa création en 1954, l’ensemble des travaux d’une personnalité scientifique qui a contribué de manière exceptionnelle au dynamisme et au rayonnement de la recherche française. Les derniers lauréats de la médaille d’or sont : Maurice Godelier, anthropologue, en 2001 ; Claude Lorius et Jean Jouzel, en climatologie, en 2002 ; Albert Fert, physicien, en 2003 ; Alain Connes, mathématicien, en 2004 ; Alain Aspect, physicien en 2005 ; Jacques Stern, informaticien, en 2006 ; Jean Tirole, économiste en 2007 ; Jean Weissenbach, généticien en 2008 ; Serge Haroche, physicien en 2009 ; Gérard Férey, chimiste en 2010 ; Jules Hoffmann, biologiste en 2011 ; Philippe Descola, anthropologue en 2012 et Margaret Buckingham, biologiste du développement en 2013.