La leçon des sénatoriales : à gauche, il faut stopper la course au précipice
Ce qui était attendu est bien advenu : les élections sénatoriales de ce 28 septembre se seront traduites par une nouvelle et cinglante défaite pour l’ensemble de la gauche.
Le précédent renouvellement de la “Chambre haute” avait exprimé l’attente de changement qui montait de la société française. Il avait d’ailleurs été suivi de la défaite de la droite en 2012. Mais aujourd’hui, c’est le désarroi qui domine, nos concitoyens se trouvent désemparés par une politique gouvernementale dirigeant tous ses coups contre ceux dont le vote avait permis la victoire de la gauche.
Tous les éléments de langage distillés depuis l’Elysée et l’Hôtel Matignon depuis dimanche soir n’y pourront rien changer : ce 28 septembre,les élus locaux auront notamment manifesté leur colère devant une austérité qui se concrétise par l’amputation sévère des dotations budgétaires aux collectivités. Ils auront également manifesté leur mécontentement devant une prétendue réforme territoriale qui sacrifie communes, départements et démocratie de proximité à une logique de concurrence tournant le dos à la solidarité républicaine.
Dans ce scrutin, la gauche partait avec le lourd handicap des défaites subies à l’occasion des dernières élections municipales, et elle s’avérait profondément divisée par les choix de l’exécutif. A l’arrivée, non seulement, elle perd le Sénat, mais la droite et l’extrême droite enregistrent une confortable avance de quinze sièges.
Pire, le Front national marque la poursuite inquiétante de son enracinement dans nos territoires et fait entrer deux des siens au Palais du Luxembourg, en dépit d’un mode de scrutin qui lui est pourtant défavorable. Dans certains départements, ses candidats seront même allés jusqu’à tripler ou quadrupler le nombre des votes qui leur étaient initialement acquis.
Je constate les résultats de cette nouvelle déroute dans ma région, Midi-Pyrénées, qui fut longtemps considérée comme un bastion du camp progressiste et qui voit dorénavant la droite progresser régulièrement et faire tomber de nouvelles positions dans son escarcelle.
Il est temps, grand temps, d’arrêter cette folle course au précipice. Faute de quoi, les scrutins départementaux et régionaux de 2015 seront des désastres qui finiront de déchirer le tissu d’implantation locale qui faisait la force de la gauche depuis des décennies.
Pour faire barrage à une droite dont le programme se résume à la volonté de détruire ce que notre peuple a conquis depuis des lustres, pour endiguer la montée dangereuse de l’extrême droite dans notre pays, il n’est qu’un seul moyen : le rassemblement de la gauche. Ce 28 septembre l’a cependant une nouvelle fois démontré, celui-ci ne peut se réaliser que sur une politique en rupture avec la fuite en avant libérale de nos gouvernants.
L’heure est maintenant au plus vaste débat et à la convergence de toutes les énergies qui veulent un changement de un changement de cap, une politique vraiment à gauche et renouant avec le peuple, une autre majorité et un nouveau gouvernement pour les conduire. Il y a urgence !
Christian PICQUET
Porte-parole de Gauche unitaire
Co-fondateur du Front de gauche
Conseiller régional de Midi-Pyrénées