La Contrôleure générale des lieux de privation de liberté vient de publier des recommandations relatives à la maison d’arrêt de Tarbes (Hautes-Pyrénées) à l’issue d’une visite inopinée de la maison d’arrêt de Tarbes, réalisée par cinq contrôleurs du 4 au 13 mars 2024. Et le rapport est accablant : “constat de nombreux dysfonctionnements entraînant des atteintes graves aux droits des personnes qui y sont détenues : allégations nombreuses et concordantes de violences physiques et psychologiques commises par une équipe de surveillants, encadrement défaillant, conditions de détention indignes aggravées par la surpopulation et le désœuvrement des détenus“.
“Les contrôleurs ont été confrontés à l’angoisse palpable des détenus ainsi qu’à leur crainte de témoigner par peur de représailles”
Les contrôleurs, précise le rapport se sont entretenus avec plus de 50 détenus (40% de la population pénale) ainsi qu’avec de nombreux professionnels. Ils ont recueilli de multiples témoignages faisant état de violences physiques et psychologiques commises par une équipe de surveillants identifiés par des surnoms connus. Il est fait état de coups, brutalités, injures, doigts d’honneur, menaces, moqueries, brimades, etc. Une cellule en particulier a été identifiée par de nombreux témoins comme le lieu privilégié de déploiement des violences : la cellule 130, utilisée comme salle d’attente.
Famine et conditions de détentions indignes
Autre constat : un détenu sur six est contraint de dormir sur un matelas au sol. Au 4 mars 2024, le taux d’occupation du quartier maison d’arrêt était de 203 % : 134 détenus y étaient hébergés pour 66 places, 22 dormaient sur un matelas au sol. Cette suroccupation rend impossible le respect de la dignité des personnes détenues soulignent les enquêteurs.
Plus grave encore, de nombreux détenus se plaignent d’avoir faim. Ils font état de repas servis en quantités insuffisantes et il arrive qu’il n’y ait pas de quoi proposer un repas complet à tous les détenus. À la fin d’un service, les contrôleurs ont constaté que les entrées étaient en nombre insuffisant pour nourrir tout le monde.