La Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) a condamné lundi les meurtres ciblés de civils sur la base de leur appartenance ethnique et nationale dans la ville de Bentiu dans l’Etat de l’Unity ainsi que l’utilisation par certains de la radio locale Radio Bentiu FM pour la propagation des incitations à la haine. « Si certains commandants des forces en opposition de l’armée populaire de libération du Soudan (SPLA) diffusent des messages d’union et de la fin du tribalisme, d’autres appellent à la haine et affirment que les personnes appartenant à certain groupes ethniques doivent quitter la ville de Bentiu et incitent même aux hommes d’une communauté de commettre des violences sexuelles contre les femmes d’une autre par vengeance », a indiqué la MINUSS dans un communiqué de presse.
Les enquêteurs des droits de l’homme de la MINUSS ont confirmé que lorsque les forces en opposition des SPLA ont capturé la ville de Bentiu entre le 15 et le 16 avril, ils ont investi plusieurs lieux où des civils avaient cherché un refuge pour déterminer leur appartenance ethnique et nationale. « Ces atrocités doivent faire l’objet d’enquêtes et les auteurs et leurs commandants doivent être tenus pour responsables », a déclaré l’officier de la MINUSS, Raisedon Zenenga, en rappelant aux parties prenantes de leur obligation de protéger les civils et en appelant à la fin immédiate des attaques contre des civils non armés conformément à l’accord de cessez-le-feu signé en janvier.
triés selon leur appartenance ethnique et nationale
Dans l’hôpital de Bentiu, plusieurs hommes, femmes et enfants de l’ethnie Nuer ont été tués le 15 avril puisqu’ils avaient refusé de rejoindre d’autres Nuer qui saluaient l’arrivée des forces en opposition des SPLA. Plusieurs autres personnes appartenant à des communautés sud-soudanaises ou soudanaises, dont ceux originaires du Darfour ont été tués dans l’hôpital. Le même jour, les forces en opposition des SPLA ont investi une mosquée et une église qui abritaient des civils, et ont triés les civils selon leur appartenance ethnique et nationale, et tués un certain nombre de personnes. Plus de 200 personnes auraient été tuées et plus de 400 blessées dans la mosquée. Entre le 15 et le 17 avril, la MINUSS a escorté plus de 500 civils de la ville de Bentiu vers leur base afin d’assurer leur sécurité, et des milliers d’autres ont rejoint la base à pied. La mission onusienne assure actuellement la protection de plus de 12.000 civils dans sa base de Bentiu. « Conformément à son mandat des droits de l’homme, la MINUSS continue d’enquêter sur les nombreuses violations des droits de l’homme commis par toutes les parties prenantes, non seulement à Bentiu, mais dans toutes les zones affectées par le conflit. Dans les semaines à venir, la mission publiera un rapport complet sur les violations des droits de l’homme depuis le début du conflit le 15 décembre 2013 », a indiqué la MINUSS.