Une manifestation en faveur de la libération de Georges Ibrahim Abdallah a réuni quelques 1500 à 2000 personnes ce samedi à Lannemezan. A l’issue de cette marche, le collectif 65 pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah a lu l’expression d’Annie Ernaux (prix nobel de littérature 2022 ) en soutien au combat pour sa libération. Georges Ibrahim Abdallah est actuellement détenu à la prison de Lannemezan.
Voici cette déclaration in extenso :
« Monsieur le Président, ne permettez-pas que la France soit le premier pays européen
qui aura condamné à une mort lente, un combattant et un intellectuel dont, comme cela
se produit sans arrêt dans l’Histoire, la lutte pour l’existence de la Palestine sera
reconnue et saluée comme légitime. »Il y a dix ans, j’ai découvert à la fois la détention de Georges-Ibrahim Abdallah depuis
trente ans et le refus par l’Etat français de sa libération.
Une libération à laquelle pourtant il avait droit depuis 1999. Son nom était lié pour moi
aux Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises qui ont combattu l’occupation du
Liban par Israël, mais aussi, de façon très confuse, je dois l’avouer aux attentats de
1986 en France.
Ce que j’ai appris alors, en consultant Internet, notamment les sites du Monde
diplomatique et de L’Humanité, était accablant. Non pas pour Georges-Ibrahim
Abdallah, bien au contraire.
En effet, celui-ci n’avait aucune responsabilité dans les attentats de 1986, ce qu’avaient
reconnu à demi-mot Charles Pasqua et Robert Pandraud, peu suspects de tendresse à
l’égard d’un militant révolutionnaire.
Non, c’était accablant pour l’Etat français dont le gouvernement avait cédé au diktat des
Etats-Unis et d’Israël en refusant de signer l’arrêté d’expulsion nécessaire à
l’application de la décision de justice, qui libérait Georges-Ibrahim Abdallah.
Depuis dix ans, le même refus a été opposé aux neuf demandes de Georges Ibrahim. A
l’écrou depuis quarante ans, il détient aujourd’hui le triste record d’être le plus vieux
prisonnier politique d’Europe.
Il a passé plus de temps en prison que Mandela. C’est une honte française dans cette
Europe dont la Convention des Droits de l’homme stipule qu’il est interdit de maintenir
quiconque en prison « sans espoir de sortie ».
J’ai rejoint celles et ceux qui réclament depuis toutes ces années la libération de
Georges-Ibrahim Abdallah. Qui veulent mettre fin à un déni de justice et d’humanité.
Mettre fin à un déshonneur. Celui d’une France oublieuse, ici, des droits de l’homme.
C’est un combat dont je suis fière.
Monsieur le Président de la République, honorez-vous et honorez la France en signant,
quelques soient les pressions étrangères, cet arrêté qui permettra à Georges-Ibrahim
Abdallah de rejoindre le Liban, prêt à l’accueillir, et d’y retrouver sa famille, à 73 ans.
Ne permettez-pas que la France soit le premier pays européen qui aura condamné à une
mort lente, un combattant et un intellectuel dont, comme cela se produit sans arrêt dans
l’Histoire, la lutte pour l’existence de la Palestine sera reconnue et saluée comme
légitime.
Georges Ibrahim Abdallah, né le 2 avril 1951 à Kobayat (Liban), est un militant communiste libanais. Considéré comme le chef de la Fraction armée révolutionnaire libanaise (FARL) en France, il est emprisonné en 1984 et condamné en 1986.
En 1987, il est condamné à la réclusion à perpétuité pour complicité dans l’assassinat de diplomates israéliens et américains à Paris. Il est également soupçonné d’avoir joué un rôle dans l’assassinat en 1976 de Francis Meloy, ambassadeur des États-Unis au Liban. (avec Wikipedia)